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17 septembre 2014 3 17 /09 /septembre /2014 12:36

Les Écossais se prononceront jeudi 18 septembre sur l'indépendance éventuelle de leur pays. Très suivi en France, en raison des liens historiques entretenus par les deux nations, ce référendum pourrait marquer la fin du Royaume-Uni tel que nous le connaissons depuis trois siècles. Mais ses conséquences seront bien plus larges encore: l'Union Européenne, l'OTAN, les États confrontés à des mouvements séparatistes, et ces mouvements eux-mêmes suivent tous ce scrutin avec intérêt, espoir ou inquiétude. En réalité, les enjeux de ce vote dépassent assez largement ceux de la simple indépendance écossaise.

 

 

Une revanche sur l'Histoire?

Cela ne fait guère que trois siècle (c'est l'Acte d'Union de 1707 qui fusionna les Parlements anglais et écossais, donnant naissance au royaume de Grande-Bretagne) que l'Écosse est sous la domination britannique. Auparavant, le royaume avait plusieurs fois lutté - victorieusement - pour son indépendance. Cette mémoire est encore très forte chez les Écossais et explique le spectaculaire retour des idées autonomistes à la fin du XXe siècle.

Le Wallace Monument, à Stirling, rend hommage à William Wallace, un des héros de l'indépendance écossaise, dont le souvenir est resté très vivace.

Le Wallace Monument, à Stirling, rend hommage à William Wallace, un des héros de l'indépendance écossaise, dont le souvenir est resté très vivace.

Lors de son élection à la tête du gouvernement britannique, Tony Blair, lui-même écossais, fit voter un Scotland Act (1998) dotant l'Écosse d'un Parlement et de compétences propres dans les domaines de la santé, de l'éducation, de la justice et de la police, ou bien encore des transports. S'il espérait ainsi couper l'herbe sous le pied des autonomistes, le pari fut raté. Cette régionalisation permit surtout au parti indépendantiste écossais, le Scottish National Party (SNP) d'arriver au pouvoir en 2007.

Dès lors, tout se précipita. Le nouveau gouvernement écossais fit connaître son intention de mener le pays à l'indépendance. Pour contrer cette tentative, le nouveau Premier Ministre britannique, David Cameron, força l'Écosse à organiser au plus vite un référendum, ne laissant le choix au pays qu'entre l'indépendance ou le statut quo. Il espérait ainsi déjouer les plans du SNP, qui comptait passer par une autonomie plus large pour n'obtenir l'indépendance qu'à long terme.

Le piège se retourne aujourd'hui contre son instigateur: si jamais les Écossais votaient en faveur de l'indépendance, David Cameron en sortirait profondément discrédité et probablement obligé de démissionner. Toutefois, quand bien même le "non" à l'indépendance ne l'emporterait que d'une courte tête (52%, par exemple), ce serait une mauvaise affaire pour le Premier Ministre. Ce dernier a du, de plus, promettre à l'Écosse de nouvelles concessions si elle se maintient dans le royaume. Pour les Écossais, il s'agit d'une belle revanche sur l'Histoire: les voici désormais courtisés par l'ensemble des personnalités britanniques, qui multiplient les offres alléchantes et les appels à l'unité.

Chef du Scottish National Party, le Premier Ministre écossais, Alex Salmond, a mis tout son poids politique en faveur du "oui' à l'indépendance.

Chef du Scottish National Party, le Premier Ministre écossais, Alex Salmond, a mis tout son poids politique en faveur du "oui' à l'indépendance.

 

Une indépendance en trompe-l'oeil?

 

D'une part, même indépendante, l'Écosse resterait rattachée par bien des aspects au Royaume-Uni. Et tout d'abord par sa monnaie, les dirigeants écossais ayant fait part de leur intention de conserver la Livre Sterling. Par ses allégeance, ensuite, puisque la reine d'Angleterre resterait la souveraine officielle (pour un pouvoir, certes, très théorique) du nouvel État; ce dernier serait sûrement membre du Commonwealth et, même si les indépendantistes prônaient la sortie de l'OTAN, il est probable que l'Écosse resterait fortement attachée au "bloc occidental".

Mais quand bien même l'Écosse se libérerait-elle de la domination de Londres qu'elle tomberait sous celle de Bruxelles. Elle est aujourd'hui la seule région véritablement europhile au sein d'un Royaume-Uni de plus en plus eurosceptiques. Aussi les dirigeants du SNP n'ont-ils pas hésité à annoncer qu'ils demanderaient l'entrée dans la zone euro s'il leur était impossible de conserver la livre sterling.

Le piège est donc terrible pour l'Écosse: sa seule échappatoire à la domination britannique serait de s'intégrer autant que possible au sein de l'Union Européenne. Perdant ainsi la précieuse souveraineté qu'elle aurait tout juste acquise...

 

 

La relance du séparatisme en Europe?

L'Union Européenne pourrait aisément s'appuyer sur l'Écosse pour contrer le souverainisme britannique. Toutefois, beaucoup de pays européens craignent de voir se ranimer à cette occasion les mouvement séparatistes qui les déchirent de l'intérieur.

En France même, certains indépendantistes pourraient être tentés de s'inspirer du cas écossais, comme le montre cette caricature de propagande séparatiste bretonne.

En France même, certains indépendantistes pourraient être tentés de s'inspirer du cas écossais, comme le montre cette caricature de propagande séparatiste bretonne.

Ainsi de l'Espagne, dont les séparatistes basques et catalans observent avec beaucoup d'attention le référendum écossais, n'hésitant pas à exiger le même. Ainsi également de la Belgique, de l'Italie, de la Roumanie, de Chypre ou de plusieurs pays candidats comme la Serbie, l'Ukraine ou la Turquie.

En fin de compte, le résultat du référendum en dira long sur l'efficacité - ou non - de la politique de décentralisation, qui vise à calmer les séparatistes en leur faisant d'importantes concessions. Si les Écossais choisissent l'indépendance, les autres États en concluront que plus on encourage l'autonomie d'une région, et plus on risque de la perdre. Inversement, un "non" écossais massif montrerait qu'un peuple peut jouir d'une large autonomie tout en restant fidèle à son État central...

Indépendante ou non, l'Écosse conservera toujours son identité particulière, qui en fait tout à la fois un atout pour l'image du Royaume-Uni et un danger pour son unité.

Indépendante ou non, l'Écosse conservera toujours son identité particulière, qui en fait tout à la fois un atout pour l'image du Royaume-Uni et un danger pour son unité.

 

Pourquoi les Écossais on peu de chances de choisir l'indépendance

 

Au vu de tous ces éléments, il est probable que les Écossais voteront contre l'indépendance, à près de 52%. En réalité, ils sont d'ores et déjà les grands gagnants de cette campagne, car même s'ils demeurent au sein du Royaume-Uni, ce sera au prix des larges concessions que ce dernier leur aura accordées. Toujours plus autonomes, les Écossais garderont tous les avantage d'un maintien au sein du royaume.

Par ailleurs, une indépendance maintenant pourrait n'être qu'un trompe-l’œil. Les Écossais resteraient étroitement dépendants de l'Angleterre, à moins de se précipiter dans les bras d'une Union Européenne qui briserait rapidement leur souveraineté nouvelle.

Enfin, l'hostilité même de l'Union Européenne et des institutions mondiales à l'indépendance (soit sous l'influence du capitalisme anglo-saxon, soit par crainte d'une explosion des séparatismes) a pu effrayer les Écossais, qui préféreront rester un temps encore sous souveraineté britannique.

Un temps seulement, car il est rare qu'une région autonome ne verse pas, tôt ou tard, dans l'indépendantisme...

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3 septembre 2014 3 03 /09 /septembre /2014 21:18

C'est un bien mauvais coup que l'Elysée a porté aux intérêts français en annonçant, ce mardi 3 septembre, la suspension de la livraison des navires Mistral promis à la Russie. Prise à la veille d'un sommet de l'OTAN, cette décision est une terrible faute politique, tant sur les plans diplomatique et économique que symbolique.

La triple faute de la France dans l'affaire des Mistral russes

Premièrement, l'annulation de ce contrat porte un coup dur à nos relations avec la Russie. Or, nous avons besoin de ce pays, qui peut être un partenaire solide tant au niveau économique que géopolitique (en particulier dans la lutte contre les djihadistes sunnites au Levant).

On pourra objecter que la Russie est impliquée dans la guerre civile ukrainienne. Mais ce n'est pas en manquant à sa parole que la France pourra calmer cette crise; bien au contraire, cela ne peut que raidir la position russe. Du reste, devons-nous sacrifier notre alliance et donc nos intérêts pour plaire à l'Ukraine et aux Etats-Unis?

 

L'économie française risque également d'en pâtir. Il ne faut pas oublier que cet important contrat représente près de 1000 emplois et doit rapporter plus d'un milliard d'euros. De plus, si la Russie faisait le choix de représailles, il est à craindre que le prix du gaz (dont elle est le premier exportateur mondial) ne grimpe en flèche, alors même que l'hiver se fait proche.

Du reste, le choix de François Hollande discrédite la France comme partenaire commercial fiable. En effet, si notre pays rompt publiquement ses contrats, comment espérer gagner ensuite la confiance de clients potentiels comme le Brésil, l'Inde ou la Chine? Ces Etats préféreront évidemment se tourner vers des fournisseurs plus fiables, capables de tenir leur parole.

 

Enfin, cette affaire donne une image désastreuse de la France qui, comme dans les affaires syrienne ou iranienne, se conduit en vassal de Washington, incapable d'agir de façon souveraine. Aux yeux du monde, elle apparaît comme un pays soumis qui, pour faire plaisir à ses maîtres américains, n'hésite pas à sacrifier ses intérêts, à flouer ses partenaires et à trahir sa parole.

En plus d'atlantisme, la France pourrait bien se voir taxée d'hypocrisie En effet, l'argument des droits de l'homme ou de la volonté de paix ne tient pas. Car dans ce cas, comment expliquer les livraisons d'armes françaises à l'Arabie Séoudite, dictature théocratique dont les pétrodollars financent des groupes terroristes en Syrie ou en Irak?

 

 

La preuve est une nouvelle fois faite que l'alignement de la France sur les positions américaines est profondément néfaste à son image, à son économie, à sa politique étrangère. Au lieu de s'inscrire au sein d'un "bloc occidental" (manière sans le dire de réactiver la guerre froide sur fond de choc des civilisations) largement fantasmé, la France devrait établir avec la Russie, comme avec les pays émergents, de nouveaux rapports basés sur le respect mutuel et la souveraineté des Etats. C'est ainsi, et seulement ainsi, qu'elle pourra demeurer une grande puissance au sein du monde multipolaire qui se profile.

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9 mars 2014 7 09 /03 /mars /2014 18:44
Les Russes piégés par la Crimée

La bataille pour l'Ukraine s'est déroulée en deux manches. Dans un premier temps, les Occidentaux, se croyant assez puissants pour prendre le contrôle du pays, ont soutenu un coup d'Etat envers le président ukrainien, certes peu sympathique, mais légitimement élu. Et pour ce faire, ils n'ont pas hésité à soutenir des groupes pour le moins douteux, comme le mouvement fasciste Svoboda, antisémite et anti-russe.

La réaction russe a été rapide. Jouant sur les inquiétudes - légitimes - de la population russophones d'Ukraine, répartie dans toute la moitié est du pays, les Russes ont pris pied en Crimée, où ils possèdent une base navale. Très vite, les Criméens se sont ralliés à l'armée russe, tandis que les autres régions russophones réitéraient leur allégeance à Moscou. La Russie semblait sortir gagnante de la deuxième manche.

Mais si les Russes ont pu reprendre la main en Ukraine, ils n'ont pas su s'arrêter à temps. Ils ont joué, avec une certaine légèreté, sur le sentiment indépendantistes des populations de Crimée, majoritairement russes et désireuses d'être rattachées à la Mère-Patrie.

On peut comprendre, bien sûr, l'attachement des Russes à cette péninsule criméenne qu'ils ont conquise de haute lutte, et qui abrite le port stratégique de Sébastopol. Mais l'Ukraine est un Etat souverain reconnu par l'ONU. Vouloir en détacher un bout de territoire, c'est du séparatisme. Et c'est une arme à double tranchant.

La Russie face au piège séparatiste

Ce n'est pas la première fois que la Russie, qui reste une puissance impériale, joue sur le séparatisme. Déjà en 2008, pour s'emparer de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud, elle avait envoyé ses chars à l'assaut de la Géorgie. Mais il s'agissait d'une réponse de bon aloi à l'Occident qui, quelques mois auparavant, avait accordé la même indépendance, tout aussi illégale, à la région serbe du Kosovo. On pouvait espérer qu'après ce match nul, la Russie s'abstînt de rouvrir la boîte de Pandore du séparatisme. C'était sans compter la crise ukrainienne.

L'armée russe a été accueillie avec un tel enthousiasme en Crimée que beaucoup de patriotes russes ont cru venu le moment de récupérer cette terre. Comme les anciennes puissance coloniales, la Russie est désormais prisonnière de sa conquête, qu'elle ne peut pas quitter sans froisser les sentiments patriotiques de sa population. Une bête histoire d'honneur, en somme.

Car sur le fond, la Russie ne gagne pas grand-chose en Crimée. La base de Sébastopol lui était acquise de toute manière (d'autant que le port de Novorossiyk, en plein développement, pourra bientôt servir de base de substitution), et la mer Noire n'est plus aussi stratégique qu'autrefois. Mais surtout, les Russes prennent le risques de réactiver l'indépendantisme au sein de leur propre territoire, notamment au Caucase ou les Tchétchènes s'agitent régulièrement. Tôt ou tard, Moscou devra choisir entre le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes (ce qui lui permettrait de récupérer la Crimée, mais impliquerait la dislocation de la Russie à long terme), ou l'intégrité territoriale des Etats (Ukraine et Géorgie comprises).

Du reste, la Russie risque de se retrouver isolée. La plupart de ses partenaires traditionnels sont méfiants vis-à-vis du séparatisme et ne sauraient le cautionner. Principale défection: la Chine, sans surprise. L'Empire du Milieu est confronté à des mouvements indépendantistes bien trop importants, que ce soit au Tibet ou au Xinjiang, pour admettre le découpage de l'Ukraine.

La Turquie non plus ne saurait soutenir la Russie, non seulement parce qu'elle craint le séparatisme kurde, mais aussi parce qu'elle s'inquiète du sort des Tatars, cette minorité turcophone de Crimée. Quant à l'Iran, il garde un silence prudent. La République islamique se méfie de son grand voisin du nord, qui avait déjà tenté de jouer sur les velleités d'indépendance des populations kurdes et azéries au temps de la guerre froide. Quant aux Etats d'Asie Centrale, la présence de minorités russes en leur sein les met potentiellement dans la même situation que l'Ukraine, dont ils ne sauraient cautionner le démembrement.

Vers une solution négociée?

La situation est donc la suivante: la Russie veut protéger ses intérêts en Ukraine, et notamment en Crimée. Et l'Ukraine veut récupérer cette région. Une solution négociée, raisonnable, verrait le pouvoir ukrainien accepter le partenariat de Moscou qui, en échange, lui rendrait le contrôle de la Crimée (tout en s'assurant que la région conserve son autonomie). C'est là la solution idéale.

Mais la réalité est plus complexe. Tout d'abord, quel pouvoir pour l'Ukraine? Il faudra probablement attendre la tenue d'élections pour espérer voir surgir un gouvernement stable. Ce gouvernement aura la tâche de se rapprocher de la Russie. Tâche aisée si les partis russophones l'emportent, mais beaucoup plus dure si c'est l'ouest du pays qui prédomine.

Ensuite, les Criméens n'accepteront pas que les Russes s'en aillent sans avoir été dûment rassurés sur leur autonomie. Il faudrait alors beaucoup de bonne volonté de la part de Kiev comme de Moscou. Sans oublier le problème de la minorité tatare, qui se méfie tant de la tutelle ukrainienne que de l'influence russe.

Il fut un temps où la France aurait pu jouer le rôle d’intermédiaire entre les différentes parties en présence. Mais en se mettant à la remorque des Américains et en soutenant les nationalistes ukrainiens les plus violents (sur les conseils d'un Bernard-Henri qui n'a visiblement aucune gêne à s'afficher aux côtés de nostalgiques des SS...), François Hollande a ôté toute crédibilité à la diplomatie française dans ce dossier. Une fois encore, l'Allemagne, qui a su se montrer plus habile, pourrait bien tirer les marrons du feu en servant d'interlocuteur privilégié entre Vladimir Poutine et les nationalistes ukrainiens. Un nouvel échec pour la diplomatie (si tant est qu'on puisse encore utiliser ce terme) française.

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29 mai 2012 2 29 /05 /mai /2012 23:21

C'est à Edimbourgh, capitale de l'Ecosse, que se trouve le Parlement Ecossais, autonome depuis le "Scotland Act" de 1998.

 

Vendredi dernier, le SNP (Scottish National Party) a lancé sa campagne visant à obtenir l'indépendance, ou tout au moins une autonomie accrue, de l'Ecosse. C'est une belle machine de guerre qui s'est mise en branle - Sean Connery himself lui apportant son soutien! Le parti nationaliste, qui est majoritaire au Parlement Ecossais, espère bien convaincre ses concitoyens, dont seulement un tiers souhaitent à ce jour l'indépendance. Amie traditionnelle de l'Ecosse, sa plus vieille alliée, la France regarde avec sympathie ces tentatives. Mais de là à les soutenir, il y a un pas qu'elle ne doit franchir qu'après avoir beaucoup réfléchi à tous les enjeux de ce dossier...

 

 

Les avantages géopolitiques d'une indépendance écossaise

 

Au-delà des affinités culturelles, politiques et religieuses qui ont forgé cette amitié, ce sont bien évidemment des considérations stratégiques qui expliquent la très vieille alliance franco-écossaise. La France a toujours basé sa diplomatie en Europe sur des alliances de revers, permettant "d'encercler" ses voisins les plus dangereux: alliances franco-russe et franco-polonaise contre l'Allemagne, alliance franco-ottomane contre l'Autriche. 

Au nord des îles britanniques, l'Ecosse était l'allié idéal pour prendre à revers la plus vieille ennemie de la France: l'Angleterre. 

 

Elaborée au cours des 12ème et 13ème siècle, la "Auld Alliance" unissait les royaumes de France et d'Ecosse (ainsi que la Norvège, symbolisée par les sabres croisés) contre leur ennemie l'Angleterre. Même après l'intégration de l'Ecosse au Royaume-Uni, plusieurs points de cette alliance sont restés en application, et ce jusqu'en 1903.

 

Si une guerre franco-anglaise semble devenue impossible, les deux Etats n'en restent pas moins rivaux. Aussi une Ecosse indépendante et alliée de la France serait-elle particulièrement bienvenue, ouvrant de nouveaux partenariats commerciaux, politiques et stratégiques. Ceci d'autant plus qu'il n'existe aucun sujet de discorde entre la France et l'Ecosse, petite nation profondément pacifiste.

On peut penser, par ailleurs, que ce coup porté au rival britannique renforcerait l'équilibre européen en faveur de la France. Toutefois, penser que l'Angleterre en ressortirait affaiblie est naïf: elle a su se débarasser de l'Irlande, ou des Indes, sans y perdre beaucoup. 

 

 

Pas d'illusion à se faire!

 

L'erreur des Français consiste à se croire encore au 15ème siècle, et à penser que l'indépendance de l'Ecosse leur amènerait d'emblée un nouvel allié luttant contre la Perfide Albion. Il est doux de rêver, mais il est sain de voir les réalités en face. 

 

En premier lieu, une indépendance (et a fortiori une autonomie) de l'Ecosse ne lui ferait pas rompre ses liens avec l'Angleterre. Il est probable que le pays conserverait la poltique anglaise, la livre sterling, l'allégeance à la Reine et la fidélité au Commonwealth. Pire: peut-être serait-il amené, paradoxalement, à se rapprocher des positions anglaises, pour ne pas mettre en péril sa jeune indépendance et sa santé économique.

D'autre part, l'Angleterre n'y perdrait finalement pas grand-chose; elle trouverait sûrement un arrangement pour conserver une partie du pétrole écossais, et pourrait d'autre part concentrer son économie sur son territoire restreint.

 

La découverte de pétrole au large de l'Ecosse a offert au pays des perspectives encourageantes pour son avenir, avec ou sans le Royaume-Uni. Mais ce dernier ne laissera pas facilement partir cette précieuse ressource!

 

 

La dangereuse boite de Pandore du séparatisme

 

La France peut, sûrement, espérer l'indépendance de l'Ecosse... mais certainement pas la soutenir! Car si cette indépendance devait voir le jour, il faut qu'elle soit acceptée et voulue par l'Angleterre. En cas contraire, la France devra même refuser de reconnaitre l'Ecosse comme Etat souverain. 

Car sinon, ce serait en effet cautionner le séparatisme; un péril qui frappe nombre de nos amis et alliés (Italie, Serbie, Russie, Turquie, Maroc...) et dont nous ne sommes pas totalement protégés (en témoignent les activités de l'ETA au Pays Basque ou du FLNC en Corse...)

 

La France doit défendre l'intégrité de tous les Etats du monde, et refuser tout séparatisme unilatéral. Mêmes ses vieilles amitiés ne doivent pas lui faire délaisser cette philosophie. C'est pourquoi il faut ardemment souhaiter qu'en cas d'indépendance écossaise, cet acte soit négocié et accepté par les deux parties en présence. 

 

 

Naturellement, l'idée d'une Ecosse libre et souveraine fait rêver tous les Français. Mais c'est une question qui ne peut pas être abordée uniquement sous cet angle romantique. 

 

La question de l'indépendance de l'Ecosse doit donc être regardée avec pragmatisme. Bien sûr, la France serait heureuse d'avoir à ses côtés, en Europe, une nouvelle puissance amie et indépendante. Que de perspectives d'échanges, de partenariats et d'amitié s'offriraient alors! Mais il ne faut pas non plus s'illusionner et en surestimer les avantages. Et surtout, il faut que l'Ecosse obtienne cette indépendance d'un commun accord avec le Royaume-Uni, sans quoi la France se trouvera dans une situation très délicate: choisir entre son amie la plus fidèle, et ses principes les plus sacrés.

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28 mai 2012 1 28 /05 /mai /2012 19:07

La France a découvert à l'occasion de l'Eurovision ce petit pays à la forte personnalité, indépendant depuis 1991: l'Azerbaïdjan, verrou du Caucase oriental. Riverain de la mer Caspienne, il se situe au croisement de deux axes: celui qui relie l'Asie à l'Europe, celui qui relie le Moyen-Orient aux plaines russes. De ce fait, l'Azerbaïdjan (comme son rival arménien) a connu l'influence des trois grands empires qui l'ont entouré: l'Empire perse, dont il a adopté la religion; l'Empire turc, dont il a gardé la langue; l'Empire russe, dont il a fait partie deux siècles durant. Aujourd'hui indépendant, l'Azerbaïdjan n'en mène pas moins une géopolitique complexe, non seulement entre les héritiers de ces empires (Iran, Turquie, Russie), mais également entre deux voisins au sort similaire: l'Arménie et la Géorgie. 

 

Terre de constraste, l'Azerbaïdjan se présente comme une plaine côtière (dont le niveau est parfois inférieur au niveau de la mer) entourée de montagnes escarpées et de hauts plateaux. Sur les douze types de climats repertoriés dans le monde, le pays en compte d'ailleurs neuf (tempéré, continental, semi-aride, subtropical...)

 

 

L'originalité d'une civilisation

 

La paticularité azerbaïdjanaise remonte à loin. Déjà en 1918, libéré de la Russie tzariste par la Première Guerre mondiale, il donnait naissance à la première république démocratique, laïque et libérale, de l'histoire du monde musulman. Soumise aux coups de boutoir des Russes blancs et rouges, la République démocratique d'Azerbaïdjan intégrait l'URSS deux ans plus tard. Elle y perdait son indépendance, mais y gagnait une certaine stabilité (ainsi que le Haut-Karrabagh, région peuplée d'Arméniens, mais donnée par Staline à l'Azerbaïdjan). 

 

Depuis son indépendance, le pays offre un visage multiface. La conversion au capitalisme américain le plus débridé n'a pas fait disparaitre de vieux réflexes soviétiques: société laïcisée, femmes émancipées, bureaucratie centralisée, autoritarisme politique. Heydar Aliev (ancien vice-Premier Ministre de l'URSS) en a été le premier président; c'est aujourd'hui son fils, Ilham Aliev (élu avec le score édifiant de 89% des voix) qui dirige le pays d'une main de fer. 

Mélange de races turques, slaves et caucasiennes, les Azéris forment une société profondément unie par son nationalisme. 

 

Mélange d'architectures hausmannienne et orientale, soviétique et méditerranéenne, Bakou, la capitale du pays, en symbolise la diversité culturelle. 

 

Le pétrole de la mer Caspienne offre à l'Azerbaïdjan une manne précieuse, qui lui a permis de s'enrichir en quelques années; le pays se modernise, mais si la capitale, Bakou, offre le visage d'une cité riche et prospère, de graves inégalités perdurent. La pauvreté des banlieues lointaines et des campagnes reste préoccupante. 

 

 

Un environnement régional dangereux

 

L'Arménie, voisine occidentale de l'Azerbaïdjan, en est l'adversaire principal; la rivalité qui opposait les deux Etats, du temps de l'URSS, a dégénéré en guerre civile après leur indépendance. La cause principale du conflit en est le Haut-Karrabagh. Cette région appartient à l'Azerbaïdjan depuis 1921; mais, peuplée majoritairement d'Arméniens, elle a fait sécession en 1991, soutenue par l'Arménie. 

Cette décision a entrainé une guerre entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie, au cours de laquelle des massacres atroces ont été commis de part et d'autre; après que la Russie eut négocié un cessez-le-feu en 1994, les troupes arméniennes ont gardé le contrôle du Haut-Karrabagh. Bakou se bat depuis pour récupérer cette province qui lui appartient toujours en droit. 

 

La région autonome du Nakhitshevan est séparée du reste de l'Azerbaïdjan par l'Arménie. Elle permet à Bakou de conserver une frontière terrestre (de 9 Km) avec son allié turc. 

 

Au sud, l'Iran est l'autre grand adversaire des Azerbaïdjanais. Allié de l'Arménie, il soulage cette dernière du blocus que lui impose la Turquie. Sans reconnaitre l'annexion du Haut-Karrabagh, il refuse toutefois de prendre parti pour l'Azerbaïdjan. 

La religion commune (islam chiite) des deux Etats n'aide en rien leurs relations; les Azéris n'aiment guère le conservatisme iranien, et Bakou se méfie de l'influence religieuse de son voisin. De son côté, l'Iran craint le séparatisme de ses populations azéries. Enfin, les deux Etats se disputent le pétrole de la mer Caspienne. 

 

Au nord, la Russie est un partenaire difficile pour l'Azerbaïdjan, qui lui reproche régulièrement de prendre parti pour l'Arménie. D'autre part, le pétrole et le partage des eaux de la mer Caspienne sont, une fois encore, source de tension entre les deux Etats (La Russie et l'Iran faisant alors cause commune contre leur petit voisin). 

En fin de compte, l'Azerbaïdjan se méfie de l'axe "Russie-Arménie-Iran", qui le coupe de la Turquie et affaiblit sa position régionale. Mais il continue de coopérer avec les Russes, dont il est un partenaire économique et militaire solide, et dont il partage la crainte des islamistes. 

 

Etape essentielle sur la route du pétrole, l'Azerbaïdjan est tiraillé entre les demandes concurrentes de la Russie, de l'Occident, de la Turquie et de l'Iran. 

 

 

Turquie, Israel, Serbie: une diplomatie d'alliances pragmatiques

 

Entourée de voisin hostiles - à l'exception de la Géorgie qui lui est indifférente - l'Azerbaïdjan peut compter sur le soutien durable et solide de la Turquie. Beaucoup d'Azéris se considèrent d'ailleurs comme pleinement turcs. C'est pour soutenir sa "petite soeur" qu'Ankara a rompu ses relations diplomatiques avec l'Arménie. Le projet de Gazoduc transanatolien (qui doit faire transiter le gaz de la mer Caspienne jusqu'à l'Europe, en passant par la Turquie), rapproche également les deux Etats. 

Cependant, le réconciliation avec l'Arménie entamée par la Turquie inquiète beaucoup l'Azerbaïdjan, qui craint de se voir délaissé par sa vieille alliée. Aussi tente-t-il de diversifier ses alliances, parfois surprenantes. 

 

Israel est ainsi l'un des principaux partenaires de l'Azerbaïdjan. Il n'existe aucun contentieux de taille entre les deux Etats, et leur hostilité commune à l'Iran contribue à les rapprocher. Tel-Aviv est un des principaux fournisseurs d'armes de l'Azerbaïdjan qui, en retour, s'abstient généralement de prendre parti contre lui. Mais les tensions entre Israel et la Turquie ont compliqué la position des Azerbaïdjanais, solidaires des Turcs, mais dépendant des Israéliens. 

D'autre part, la population azérie reste majoritairement hostile à l'Etat hébreu, et cette alliance pourrait donc se voir remise en cause dans les années à venir. 

 

Face à l'axe "Russie-Arménie-Iran" (en bleu, du nord au sud), l'Azerbaïdjan (en vert) peut compter sur des alliés solides mais disparates (en orange): Turquie, états turcophones d'Asie Centrale, Serbie, Israel. 

 

Plus surprenante encore est l'alliance avec les Serbes. On aurait pu croire que la Serbie, alliée de la Russie, chrétienne orthodoxe comme l'Arménie, prendrait parti pour cette dernière. Mais, confrontée elle-même à un cas de séparatisme armé (au Kosovo), la Serbie a développé avec l'Azerbaïdjan des relations de solidarité très solides. Cette amitié est cependant bien plus ancienne: durant la Seconde Guerre mondiale, une brigade azérie avait combattu les Nazis aux côtés des Serbes.

Belgrade a toujours voté en faveur de l'Azerbaïdjan à l'ONU; de son côté, ce dernier a fermement condamné la déclaration d'indépendance du Kosovo, et refuse bien naturellement de le reconnaitre comme Etat (n'hésitant pas à prendre parti contre la Turquie). 

Les deux pays ont réitéré en novembre 2011 leur solidarité, et envisagent de supprimer le régime des visas l'un pour l'autre. 

 

Les Etats-Unis restent un allié distant mais solide de l'Azerbaïdjan. Dans les années 1990, on pouvait même penser qu'ils seraient le quatrième empire influençant le pays. Mais ils refusent de prendre parti contre l'Arménie, et l'alliance est avant tout économique et commerciale.  

 

 

La gentillesse et l'hospitalité des Azéris aident beaucoup à mieux connaitre la culture, les traditions, la cuisine ou la langue de ce peuple aussi contrasté que son pays.

 

La France, quant à elle, entretenait avec les Arméniens comme avec les Azerbaïdjanais une amitié solide, jouant un rôle de médiateur apprécié. Cependant, la loi sur le génocide arménien de 2011 a mis Bakou en colère et compromis ses relations avec Paris. Une maladresse d'autant plus regrettable qu'elle risque de coûter aux Français une position privilégiée dans le Caucase. L'Azerbaïdjan en est certainement l'Etat le plus prometteur, et l'on ne peut que souhaiter que la France se rapproche d'un pays aussi particulier que fascinant. 

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13 janvier 2012 5 13 /01 /janvier /2012 01:16

En autorisant la tenue d'un referendum au sujet de l'indépendance de l'Ecosse, David Cameron a joué un tour redoutable aux souverainistes écossais. Non content de leur couper l'herbe sous le pieds, le Premier Ministre britannique a porté un coup sévère à la stratégie que le SNP (Scottish National Party, indépendandiste) avait patiemment construite. Il a aussi pris un gros risque, car il reste aux indépendentistes plusieurs cartouches à tirer, et ne rien ne garantit qu'ils tomberont dans le piège. En tous les cas, cette décision (d'autant plus historique que Cameron est un fédéraliste farouche) ouvre les hostilités entre le SNP, qui prévoit d'obtenir l'indépendance écossaise dans la décennie à venir, et le pouvoir central britannique qui compte bien s'y opposer par tous les moyens. 

 

Edimbourg est le siège du gouvernement écossais, autonome depuis le processus de décentralisation engagé par les travaillistes britanniques. 

 

La stratégie de long terme du SNP

 

Depuis qu'il a pris la tête de l'Ecosse en 2007, Alex Salmond maintient la promesse d'un referendum sur l'indépendance de l'Ecosse. Mais le Premier Ministre écossais est un fin renard. Il sait très pertinemment qu'une opposition frontale à Londres sur le sujet serait très dangereuse; non seulement la Grande-Bretagne accepterait difficilement une indépendance soudaine de l'Ecosse, qu'elle possède depuis 1707 (soit plus de trois siècles), mais Salmond risquerait d'être désavoué par ses électeurs les plus modérés. 

 

Venu de la gauche du parti, farouchement hostile à la guerre en Irak, Alex Salmond, Premier Ministre écossais, est une personnalité atypique qui a su moderniser le nationalisme du SNP.

 

Aussi la stratégie du SNP, dominé par Alex Salmond, est-elle d'avancer progressivement et de façon très pragmatique. Le parti, par exemple, est prèt à quelques concessions: il ne demanderait pas l'indépendance, mais une simple autonomie, très large, qui laisserait à Londres quelques prérogatives symboliques. Un statut qui ammènerait tôt ou tard l'Ecosse à l'indépendance, mais de manière douce. 

Par ailleurs, une bonne partie des Ecossais reste loyaliste et attachée à la souveraineté britannique. C'est pourquoi le gouvernement écossais a proposé un referendum en 2014. Ce sera alors le 700ème anniversaire de la bataille de Bannockburn, où l'armée écossaise avait écrasé les Anglais. Les indépendantistes savent qu'ils pourront alors compter sur le patriotisme écossais à son apogée. D'autant plus que les Jeux Olympiques du Commonwealth, qui se tiendront cette année-là à Glasgow, seront l'occasion pour l'Ecosse de s'affirmer comme puissance internationale. 

 

Ce referendum donnerait très certainement une solide victoire aux indépendantistes, et amorcerait le détachement de l'Ecosse - et donc la fin du Royaume-Uni actuel. Mais Londres a réagi rapidement et très habilement à l'annonce, puisque l'Anglais David Cameron a proposé à son tour un referendum, qui devrait avoir lieu en 2012 ou 2013.

 

Quelques mois après l'exécution barbare de l'indépendantiste William Wallace, les Ecossais prenaient une revanche méritée à Bannockburn, taillant la cavalerie anglaise en pièce. Leur victoire était due en grande partie à une habile utilisation du schiltron, carré ou cercle de piques sur lesquels venaient s'empaler les cavaliers adverses. 

 

 

Le SNP face au piège référendaire

 

Les nationalistes écossais ne s'attendaient guère à cette proposition, qui les désorganise et leur semble surtout - et à raison - un piège extrèmement dangereux tendu par le Premier Ministre Cameron. 

 

En prenant l'initiative, ce dernier propose en effet un referendum qui lui serait extrèmement avantageux. Tout d'abord, si le SNP a joué de la division entre travaillistes et conservateurs pour prendre la tête de l'Ecosse, les indépendantistes n'ont pas encore la majorité absolue dans le pays. Dans un referendum sur l'indépendance imminente de l'Ecosse, il est probable qu'ils perdraient avec quelques 40% des voix. 

Or, c'est justement ce sur quoi compte David Cameron, puisque le réferendum qu'il propose devrait se tenir dans les 18 mois à venir. Le Premier Ministre britannique sait que ses velleités souverainistes ont ranimé sa popularité, et compte sur la menace de la crise pour dissuader l'Ecosse de se détacher du Royaume-Uni. 

 

Par ailleurs, le referendum proposé par David Cameron n'aurait que deux alternatives: ou un rattachement définitif au Royaume-Uni, ou une indépendance totale - avec les conséquences économiques difficiles que cela impliquerait au tout début. Les conservateurs anglais sont ainsi persuadés que les Ecossais, effrayés par la crise, resteraient fidèles au gouvernement de Londres; ce serait évidemment un lourd échec pour le SNP, qui aurait beaucoup de mal à s'en relever. 

 

Comme le grand acteur Sean Connery, un grand nombre d'Ecossais souhaitent l'indépendance de leur pays. Mais ils pensent en majorité qu'il convient pour cela d'attendre une conjoncture favorable. 

 

 

En réalité, après s'être regardés en chiens de faïence pendant la longue décennie où les travaillistes ont dominé la Grande-Bretagne, le SNP et le Parti Conservateur entament la dernière bataille, celle qui doit mener à la victoire, ou des unionistes, ou des indépendantistes, et mettre fin à ce conflit larvé entre le gouvernement central britannique et le gouvernement écossais. Après avoir pris Londres par surprise, le SNP s'est heurté à une redoutable contre-offensive de David Cameron. Ce dernier n'a d'ailleurs pas autant à perdre: historiquement décentralisée, la Grande-Bretagne a perdu la Guyenne, La Rochelle, l'Irlande ou l'Inde sans en souffrir beaucoup. L'indépendance de l'Ecosse serait pour elle un mauvais coup, mais elle y survivrait. Alex Salmond, chef du SNP, joue en revanche sa crédibilité auprès des Ecossais; tacticien pugnace et redoutable, il n'a pas dit son dernier mot. La bataille anglo-écossaise qui s'annonce se fera sans morts et sans violence, mais sera tout aussi incertaine que celles qui ont jalonné les siècles passés...

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9 octobre 2011 7 09 /10 /octobre /2011 19:41

 

 

Arménie, Azerbaïdjan, Géorgie: la visite de ces petits Etats du Caucase par un Président français aurait pu être, en d'autres occasions, une formidable occasion pour Paris de relancer sa politique centrasiatique et de renforcer sa présence en cette région troublée. Nicolas Sarkozy, dans un mélange d'électoralisme mal placé et d'incohérence diplomatique, en a fait un fiasco qui nuit grandement à l'image de la France. Incohérente, contre-productive et humiliante, la politique étrangère sarkozyste s'annonce définitivement comme la plus mauvaise connue par la France depuis 20 ans. 

 

Electoralisme et grossiereté en Arménie

 

"Je vais lancer une grenade dégoupillée" avait prévenu Nicolas Sarkozy dans l'avion qui l'emmenait à Erevan, capitale de l'Arménie. Une étrange conception de la diplomatie...

 

C'est par la petite république arménienne que le chef de l'Etat a commencé sa tournée caucasienne; la France entretient des relations cordiales avec l'Arménie depuis plusieurs années, et il paraissait normal que son Président rendit hommage aux terribles massacres de la première Guerre Mondiale qui ont abouti à son indépendance. La France pourrait profiter de cette bonne entente pour soutenir activement le processus de réconciliation entre l'Arménie et la Turquie, un de nos vieux amis. 

 

Nicolas Sarkozy a préféré envenimer une situation très complexe (au grand damn des diplomates arméniens eux-mêmes, qu'il a mis dans l'embarras) en attaquant délibérément la Turquie. L'accusant de génocide, il l'a sommée de reconnaitre ce crime avant la fin de son mandat: "La Turquie, qui est un grand pays, s'honorerait à revisiter son histoire comme d'autres grands pays dans le monde l'ont fait, l'Allemagne, la France" a-t-il lancé. Quand on sait que la repentance et l'auto-flagellation ont détruit tout l'amour des jeunesses française et allemande pour leur pays, on peut se demander si c'est un bon exemple à donner à la Turquie. 

Le Président français, dans un geste d'une grande arrogance, a ensuite adressé un ultimatum à la Turquie, sommée de reconnaitre le génocide arménien avant avril 2012. Un geste non seulement ridicule et inutilement agressif, mais aussi hautement contre-productif; car quand bien même la Turquie eût envisagé de reconnaitre ce génocide arménien, on se doute bien qu'elle ne le fera jamais sous la pression d'un pays étranger. D'autant plus qu'elle-même ne s'est jamais immiscée dans les affaires intérieures françaises. 

 

Nicolas Sarkozy le sait. En réalité, la seule finalité de sa menace était électoraliste; voici plusieurs mois que la communauté arménienne est sollicitée par le Parti Socialiste, au mépris de toutes les règles républicaines; Nicolas Sarkozy, craignant de perdre cet électorat, tente ainsi de regagner ses faveurs. Probablement en vain, car les socialistes ont une importante longueur d'avance. 

En fin de compte, par électoralisme, par démagogie communautariste, Nicolas Sarkozy, non content de fâcher la France avec son vieil ami turc, attise inutilement les tensions entre Ankara et Erevan. Et si la Turquie n'a pas caché sa fureur, l'Arménie elle-même en retire plus de gêne qu'autre chose. 

 

Service minimum en Azerbaïdjan

 

La France et l'Azerbaïdjan entretiennent de bonnes relations, et l'on pouvait craindre le pire de Nicolas Sarkozy. Le président s'est cette fois abstenu de toute bourde; au cours de ses quelques heures à Bakou, il a saisi l'occasion de discuter avec İlham Aliev, l'élégant président azéri, décorant au passage sa femme, la belle Mehriban Alieva, de la Légion d'honneur. Au cours de la conférence de presse qui s'en est suivi, Nicolas Sarkozy s'est félicité de l'ouverture d'un lycée français à Bakou - une excellente nouvelle, en effet. 

 

La femme du Président azéri, Mehriban Alieva, a beaucoup fait pour l'amitié entre son pays et la France. Ce qui lui valu une Légion d'honneur méritée.

 

En revanche, le conflit du Haut-Karrabagh a été soigneusement éludé par le chef d'Etat français; il s'agit pourtant pour l'Azerbaïdjan d'un problème crucial: depuis 1991, en effet, 20% de son territoire sont occupés militairement, et en violation de toutes les coutumes internationales, par l'Arménie. Or, Nicolas Sarkozy s'est contenté d'affirmer son soutien "à la paix" dans la région. Or, la France devrait avoir le courage de défendre certains grands principes: l'occupation militaire d'un Etat ami est tout bonnement innaceptable. 

Il ne s'agissait pas, évidemment, d'attaquer l'Arménie. Il s'agissait de dire à nos amis azéris que jamais la France ne tolèrera une occupation militaire de son territoire. Néanmoins, cette frilosité de Nicolas Sarkozy est favorable à la nouvelle gaffe qu'il aurait pu commettre en prenant parti dans un sens comme dans l'autre. 

 

 

Nicolas Sarkozy fait la leçon à la Russie... après lui avoir livré la Géorgie!

 

A Tbilissi, Nicolas Sarkozy s'est essayé au rôle de protecteur de la souveraineté géorgienne. Rappellant fermement la Russie à ses engagements (une bravade qui a du plus amuser Poutine qu'autre chose), le Président français a critiqué le séparatisme de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie. Une position saine en soi, puisque ces deux provinces appartiennent à la Géorgie, mais qu'il était fort mal placé pour exprimer.

Tout d'abord parce que c'est lui qui, il y a trois ans, négociait le cessez-le-feu entre la Russie la Géorgie. Et ce, largement à l'avantage de la première. Ce faisant, Nicolas Sarkozy préservait la vieille amitié franco-russe; mais il est mal placé aujourd'hui pour dénoncer l'attitude de la Russie, car elle était prévisible dès le début des négociations de cessez-le-feu. 

Plus accessoirement, à partir du moment où il a reconnu le séparatisme kosovar, et qu'il est resté silencieux sur le séparatisme du Haut-Karabagh, Nicolas Sarkozy n'a plus de légitimité en la matière. Car la Russie n'a fait qu'appliquer à la Géorgie, les méthode de l'OTAN envers la Serbie: attaquer un pays pour soutenir l'indépendantisme d'une province. 

 

Le chef d'Etat français s'est ensuite prononcé pour l'adhésion, dans l'avenir, de la Géorgie à l'Union Européenne. C'était la dernière gaffe de sa tournée, mais pas la moins grave.

La Géorgie aurait sa place, certes, dans une Europe des Nations libres et indépendantes. Mais ce n'est pas ce qu'est l'Union Européenne. L'élargissement aux pays de l'Est s'est avéré une catastrophe; veut-on recommencer la même erreur? D'autre part, Nicolas Sarkozy expliquait en 2007 que la place de la Turquie n'est dans l'UE, parce que la Turquie, géographiquement, est en Asie Mineure. Cela se défend. Mais la Géorgie aussi est en Asie Mineure. Encore une fois, le Président français s'enfonce dans ses contradictions. 

 

Francophone émérite, le Président géorgien Saakachvili a gardé de bonnes relations avec Nicolas Sarkozy

 

 

La visite de Nicolas Sarkozy au Caucase laissera un goût amer à l'ensemble des patriotes attachés à l'image de leur pays. En quelques jours, le chef de l'Etat aura réussi à mettre la Turquie en fureur et l'Arménie dans l'embarras, tout en s'attirant l'hostilité silencieuse et méprisante de la Turquie; en prime, il aura montré à l'Azerbaïdjan et la Géorgie qu'elles ne peuvent compter sur lui pour reprendre les provinces séparatistes qu'elles réclament. Le tout par électoralisme; lorsqu'un chef d'Etat sacrifie l'image de la France à des intérêts bassement politiciens, c'est plus qu'une faute, c'est un crime. Surtout dans une région ou l'absence des Etats-Unis aurait pu permettre à Paris de jouer un rôle important.  

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25 septembre 2011 7 25 /09 /septembre /2011 23:24

 

Un reportage édifiant de France 24 sur la situation que le multiculturalisme, puis le communautarisme, ont ammenée en Grande-Bretagne: islamistes fanatiques opposés à une droite extrème fanatique et violente. Voulons-nous que de tels cancers se développent en France, que les groupes islamistes et le Bloc Identitaire prennent une telle importance? Il faut le dire et le redire: ce n'est que par une stricte assimilation républicaine que l'on évitera ce genre de dérives.

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