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  • : Nations Libres
  • : Chronique du choc entre les nations libres et qui tiennent à le rester, et le mondialisme ravageur qui cherche à les soumettre.
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10 octobre 2011 1 10 /10 /octobre /2011 18:14

 

Les résultats du premier tour des primaires socialistes laissent un curieux sentiment à l'observateur moyen: celui d'un parti incapable de se réformer, de présenter des idées neuves, de se mettre en phase avec les attentes des Français. Malgré la belle percée d'Arnaud Montebourg, c'est avant tout la victoire des "éléphants" à laquelle on assiste: celui d'un système sclérosé, né en 1983 de l'abandon par Mitterrand du socialisme original. Une idéologie qui mélange européïsme et libéralisme, saupoudrée de réformes sociales vraies ou fausses, mais toujours insignifiantes; le tout porté par le clientélisme et la lutte "anti-raciste". Ce système a coûté au Parti Socialiste de lourdes défaites: aux élections présidentielles de 2002 et 2007, ainsi que lors du réferendum de 2005 sur la Constitution Européenne. Pourtant, la victoire écrasante de François Hollande et Martine Aubry montre que le parti n'est pas encore prêt pour les idées et stratégies nouvelles. 



François Hollande et Martine Aubry: les enfants jumeaux du tournant libéral



François Hollande doit une fière chandelle à Dominique Strauss-Kahn, pour qui ces primaires avaient été initialement organisées. En se faisant attraper en pleine tentative de viol, puis en dévoilant le pacte passé avec Martine Aubry qui l'avait toujours nié, l'ancien patron du FMI a ouvert un boulevard à son rival. Le méticuleux travail de terrain de François Hollande, sa proximité avec les militants, une certaine humilité et une indéniable intelligence ont fait le reste. L'ancien premier secrétaire du PS a combiné chance et talent, ayant de plus l'habileté de rester en retrait les dernières semaines, présidentialisant ainsi sa stature. 

Martine Aubry a stratégiquement mal joué. Se lançant très tard en campagne, elle a repris de vieille ficelles du Parti Socialiste des années 90 (mariage homosexuel, droit de vote des étrangers...) qui ne séduisent plus personne. Défendant farouchement Dominique Strauss-Kahn avant de faire volte-face, elle s'est attirée l'hostilité des féministes comme du principal intéressé. En fin de compte, elle peut s'estimer heureuse de ses 31%.


Sur le fond, pourtant, il n'existe aucune différence idéologique entre ces deux candidats. Leurs programmes sont similaires et, plus graves, totalement coupés des préoccupations du peuple. Le PS propose en effet de soigner les dégâts de la mondialisation, mais il n'ose pas en attaquer les causes profondes: l'Union Européenne et son libéralisme débridé. 

C'est ainsi qu'on avait déjà vu un François Hollande, acculé par Emmanuel Todd, rejeter le protectionnisme jusqu'à devoir admettre que son programme favoriserait plus le sous-prolétariat indien, que les ouvriers français. C'est ainsi que Martine Aubry comme François Hollande ont, par européïsme, approuvé le plan d'austérité imposé à la Grèce, qui ruine son peuple et ne pourra sauver le pays de la faillite. 

Sur l'autre grande question qui agite la France en ces années, l'identité nationale, le communautarisme et le racisme, les deux candidats se sont montrés en-dessous des attentes des Français: drague honteuse aux diverses communautés, mépris de la laïcité, et anti-racisme auquel plus personne ne croit (et surtout pas les "blakcs" et "beurs" qu'il prétendait défendre à ses débuts) ont rythmé leur campagne. Bref, le programme de Fabius, Rocard, Jospin, représenté, alors même que le peuple a plusieurs marqué qu'il n'en voulait plus. 


Á noter par ailleurs que le programme du radical Jean-Michel Baylet, radical de gauche et modèle de conformisme bien-pensant, s'inscrivait dans cette logique dépassée et mortifère. 

 

 

Arnaud Montebourg ou l'échec d'une tentative de rénovation



Un seul programme s'est distingué au cours de la campagne: celui du député Arnaud Montebourg, qui, peut-être par opportunisme, peut-être par intelligence, peut-être par convictions réelles, ou le tout à la fois, a lancé le très intéressant concept de "démondialisation". Prenant acte, comme avant lui Jean-Luc Mélenchon ou Benoît Hamon, de ce que le libre-échange mondialisé ruinait les salariés français, il a eu l'audace de le remettre en cause, et de s'en prendre au système financier qui le fait vivre. Il s'est également démarqué de ses collègues au sujet de Dominique Strauss-Kahn, dont il a clairement dénoncé le comportement. 

Le programme d'Arnaud Montebourg restait très frileux sur d'autres questions: en termes d'institutions publiques, d'insécurité, de communautarisme, il était encore bien éloigné des demandes du peuple. Mais l'effort était louable et très intéressant. Les 17% d'Arnaud Montebourg ne sont donc pas une surprise. Il a incarné pour un parti des socialistes l'espoir de rénover le parti, afin d'y attirer de nouveaux les classes populaires. Il est intéressant de noter, par ailleurs, qu'il a eu le soutien des nomberux électeurs externes au PS, ce qui dénote une certaine capacité de rassemblement au delà des clivages. 


Mais 17%, cela reste extrèmement minoritaire. Arnaud Montebourg n'a pas su séduire au sein même du PS: la logique perverse des sondages ayant placé François Hollande et Martine Aubry en tête, bien des militants n'ont pas osé tenté l'aventure avec un candidat minoritaire. Á l'audace réformatrice, ils ont préféré le conservatisme idéologique. La rénovation du parti a échoué; devra-t-il attendre encore cinq ans avant de se mettre en phase avec les attentes du peuple de gauche?

 

 

Ségolène Royal et Manuel Valls: une originalité qui ne parvient pas à percer



Le choc est très rude pour Ségolène Royal; violent, brutal, impitoyable. Candidate acclamée du parti en 2007, elle manque d'en prendre la tête en 2008... avant d'être battu par Martine Aubry, à l'issue de fraudes massives. Depuis, la femme forte du Poitou-Charentes s''enfonce dans l'échec.

Un discours d'une grande bêtise, entrecoupé d'éclairs de génie: voici comment l'on pourrait résumer Ségolène Royal. Une véritable intuition politique lui a permis, à de multiples reprises, de savoir ce qu'attendait le peuple de France, et de le lui proposer. Un talent qui a fait son succès en 2007 notamment. Mais qui s'est révélé inefficace pour ces "primaires citoyennes". Car le peuple de gauche, qui avait apprécié son courage en d'autres temps, a été séduit par un discours lui aussi en phase avec leurs attentes, mais beaucoup plus cohérent, celui d'Arnaud Montebourg. D'où le cinglant échec de Ségolène Royal, au bénéfice bien évidemment de ce dernier. 


L'ex-candidate socialiste, qui jouait sur son image de femme à poigne, a également subi une concurrence dans ce domaine, celui de Manuel Valls. Blairiste revendiqué, ce candidat a tenu des propos courageux et intéressants sur des problèmes très sensibles comme celui de l'immigration, du communautarisme, de l'insécurité et de la laïcité. 

Un discours que le peuple de gauche attendait depuis longtemps. Mais alors, pourquoi ce si faible score de Manuel Valls? Parce que dans le même temps, son discours libéral, mondialiste et élitiste était à l'opposé de ce qu'attendait les classes populaires. 



L'avenir du Parti Socialiste



François Hollande vraisemblablement, Martine Aubry, possiblement, sera le candidat du parti à l'élection présidentielle de 2012. Jouant sur les multiples échecs de Nicolas Sarkozy, il réunira autour de lui une foule de mécontents. Mais il n'arrivera probablement pas à réconcilier le PS avec le peuple de gauche. Tant qu'il favorisera le libéralisme au protectionnisme, le clientélisme au républicanisme, le communautarisme à l'égalité, l'Europe à la France, le parti restera bien trop fragile pour constituer une opposition crédible. Arnaud Montebourg, et dans une moindre mesure Ségolène Royal et Manuel Valls, avaient commencé, chacun dans un secteur, et fort timidement, à le comprendre. Leur échec est avant tout celui de l'opposition socialiste.

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