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  • : Chronique du choc entre les nations libres et qui tiennent à le rester, et le mondialisme ravageur qui cherche à les soumettre.
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6 novembre 2012 2 06 /11 /novembre /2012 17:16

Son nom est Bond, James Bond. Depuis 50 ans, sur les grands écrans, il pourchasse les pires criminels de la planète, au cours de 22 films (bientôt 23) qui forment une des plus longues sagas de l'histoire cinématographique. Interprété par six acteurs différents, James Bond, agent 007, a toujours été l'incarnation d'une certaine Angleterre, ou plutôt d'une image que l'Angleterre se faisait d'elle-même. Mais derrière le divertissement se dissimule souvent l'idéologie. Il est intéressant de profiter de ce cinquantenaire pour étudier comment, tout au long de son histoire, la saga James Bond a permis de faire passer des messages, diplomatiques et parfois de propagande; tout en étant, en parallèle, un reflet de son époque.

 

Ancien agent des services secrets, et nationaliste britannique convaincu, Ian Flemming s'est beaucoup inspiré de la propagande de la guerre froide pour l'écriture de ses romans, même si les derniers d'entre eux laissent transparaitre une vision moins manichéenne et plus désabusée du monde. 

 

 

Trois grandes périodes historiques sont séparées, de manière hautement symbolique, par les changements d'acteurs que connaît la saga: Sean Connery (et Georges Lazenby pour un film) est le James Bond de la guerre froide et des tensions afférentes; Roger Moore, celui de la détente, symbolisée par son style décontractée, et clôturée par les deux films de Timothy Dalton; enfin la période moderne est divisée entre Pierce Brosnan, pour les années 1990 et l'américanisation triomphante, puis Daniel Craig qui ouvre le XXIème siècle et ses défis. 

Au cours des 22 films, toutefois, quelques constantes demeurent. En premier lieu, James Bond ne combat pratiquement jamais un autre pays; lorsqu'il se heurte à des agents russes, allemands ou américains, ces derniers agissent en général à leur propre compte, de manière indépendante. Si des rivalités peuvent exister entre pays, la distinction est toujours faites entre les "bons" et les "mauvais" du pays concerné. En ce sens, James Bond diverge des films américains de l'époque où c'est une nation entière (URSS, Chine, puis Iran ou Liban...) qui est désignée comme adversaire. 

En second lieu, le mythe de l'organisation criminelle internationale (notamment le fameux SPECTRE) est régulièrement repris; cherchant à monter les grandes puissances entre elles, ces organisations permettent tout à la fois d'offrir un redoutable ennemi à 007, et de prôner une forme de coopération des grandes nations rivales. 

 

 

 

Considéré par beaucoup comme le meilleur James Bond, Sean Connery aura joué dans six films, de 1962 à 1971; durant cette période, un seul autre acteur, George Lazenby, enfilera le costume de 007, le temps d'un film. Suivant la crise des missiles de Cuba, cette décennie est celle des tensions de la guerre froide, mais aussi celle d'un apaisement progessif qui se remarque au fil des films. La terreur nucléaire est au coeur de presque toutes les histoires. 

 

Une petite pique au nationalisme britannique: Sean Connery refusera toujours de se départir de son accent écossais, au point que Ian Flemming, impressioné par les prestations de l'acteur, inventera une origine écossaise à James Bond. 

 

Dr. No (1962) pose clairement les règles du jeu: dès le premier film, ce savant mi-allemand mi-chinois, qui utilise son génie à saboter les essais spatiaux américains, rejette aussi bien le camps de l'Est que celui de l'Ouest. Le dr. No se réclame du SPECTRE (Service Pour l'Espionnage, le Contre-espionnage, le Terrorisme, la Rétorsion et l'Extorsion). Cette organisation puissante, disposant de moyens financiers, techniques et militaire énormes, fournira un adversaire parfait à James Bond au cours des films suivants. 

 

Dans Bons baisers de Russie (1963), le SPECTRE annonce clairement ses plans, via son chef Ernst Stravo Brofeld: laisser les Etats-Unis et l'Union Soviétique se détruire mutuellement, puis prendre le contrôle du monde en profitant de l'affaiblissement des deux superpuissances. 

Le film fut une surprise et une nouveauté dans le paysage cinématrographique de l'époque. Dans le roman originel, James Bond fait face à une conspiration des services secrets russes. Mais en 1963, la crise de Cuba venait de s'achever. Alors que la peur d'une guerre nucléaire agitait toutes les têtes, les producteurs firent l'audacieux pari de mettre les Soviétiques et les Britanniques face à un ennemi commun: le SPECTRE.

Agents russes dans le romans, le colonel Rosa Klebb et le tueur Red Grant deviennent des agents du SPECTRE dans le film. La rivalité anglo-russe existe toujours, mais elle est exploitée par l'organisation pour assouvir ses noirs desseins. Dans le contexte de la guerre froide, Bons baisers de Russie annonçait les premières années de la détente. 

 

Il est à noter que Bons baisers de Russie, qui se déroule en grande partie à Istanbul, donna de la Turquie une image moderne et positive. Un bol d'air pour le pays qui, en 1963, se remettait progressivement des suites du coup d'Etat de 1961 et se rapprochait de la Communauté Economique Européenne. 

 

Goldfinger (1964) est le seul film des années 1960 dont le SPECTRE soit absent. Les Soviétiques également. Pourtant, le contexte de la guerre froide est bien présent, avec un ennemi nouveau: la Chine. Alors que l'Union Soviétique s'ouvre au monde, l'intransigeance de Mao Zedong, en phase d'obtenir l'arme atomique, inquiète. 

Goldfinger reflète bien la triple inquiétude de la bombe atomique, de la crise économique et de la Chine émergente. L'adversaire de Bond, Auric Goldfinger, financier international, se voit offrir par les Chinois une bombe destinée à exploser dans Fort Knox, ce qui rendrait la réserve d'or des Etats-Unis radioactive et permettrait de gonfler les prix de son propre stock d'or. On peut considérer qu'en termes de propagande anti-chinoise, Goldfinger est le film le plus manichéen de la série. 

 

La peur atomique, encore et toujours, est au coeur d'Opération Tonnerre (1965). Grand retour du SPECTRE également, dont le numéro 2, l'Italien Emilio Largo, réussit à voler deux bombes atomiques à l'OTAN, et menace de les faire exploser si rançon ne lui est pas versée. La solidarité occidentale (Américains, Britanniques, Français) est omniprésente, mais ni la Russie ni la Chine ne sont mentionnées. Une lente évolution se prépare, où la menace de groupes terroristes remplace progressivement celle des Etats. 

 

Toute l'ambigüité des relations franco-britanniques est résumée dans Opération Tonnerre. Avec l'aide du Deuxième Bureau, James Bond élimine un colonel français, membre du SPECTRE, déguisé en femme de manière ridicule. Par la suite, il succombe au charme de la Française Domino Derval, incarnée par la belle Claudine Auger...

 

Toujours la peur du conflit nucléaire, mais grand retour à la détente dans On ne vit que deux fois (1967): le SPECTRE dérobe des fusées américaines et soviétiques, dans le but d'attiser les tensions entre les deux Etats, et de les pousser au conflit. Conflit que James Bond empêchera, comme il se doit, au dernier moment. Dans cette histoire, les Britanniques se donnent le beau rôle: face à des Américains brutaux et va-t'en-guerre, ils défendent la bonne foi soviétique et se proposent d'enquêter sur les disparitions de fusées. 

Les commanditaires du SPECTRE sont très intéressants à observer: le premier est visiblement un Chinois (encore...) Quand au second, il s'agit d'un Européen dont la nationalité n'est pas précisé. Mais si l'on élimine les pays de l'Est et ceux de l'OTAN, il n'y a guère que la France qui vienne à l'esprit. Français et Chinois unis pour encourager une guerre entre Américains et Soviétiques? C'est possible, sans être certain.

On peut aussi y voir un Japonais (l'action se situe au Japon) et un industriel occidental lambda, encourageant une guerre pour leurs intérêts propres. Tout reste envisageable, donc...

 

Au service secret de Sa Majesté (1969) tranche radicalement avec l'atmosphère des précédents James Bond. Georges Lazenby remplace Sean Connery, pour un seul film. Si le SPECTRE est toujours à la manoeuvre, la menace n'est pas ici atomique, mais bactériologique. L'organisation prévoit en effet de répandre une terrifiante maladie sur l'ensemble du territoire britannique. Les grandes puissances sont totalement absentes du scénario: le conflit concerne Londres et le SPECTRE, ou plus précisément l'agent 007 et Ernst Stravro Blofeld, chef de l'organisation. 

 

Sean Connery revient une dernière fois pour Les diamants sont éternels (1971). James Bond doit venger sa femme, assassinée par Blofeld. Une nouvelle (et dernière) fois, le SPECTRE menace l'ensemble du monde. On remarque une nouveauté: les victimes de l'organisation criminelle internationale sont les Etats-Unis, l'Union Soviétique, mais également la Chine: la détente s'élargit, les trois superpuissances doivent faire face à la même menace. 

 

Le fondateur du SPECTRE, blessé et affaibli, fera une dernière courte apparition, dix ans plus, dans Rien que pour vos yeux, où il sera définitivement éliminé par James Bond. 

 

 

La décennie 1960 s'articule ainsi autour de quelques éléments récurrents: l'alliance américaine (symbolisée par Félix Leiter, agent de la CIA et ami de James Bond), la peur de l'arme atomique, le progrès spatial et scientifique, l'affrontement des blocs. Le SPECTRE, qui profite de cet affrontement, est l'ennemi principal de l'agent 007. L'Union Soviétique n'est jamais son adversaire, puisqu'elle subit elle aussi les attaques du SPECTRE. La Chine joue un rôle plus trouble: dans trois films (Dr. No, GoldfingerOn ne vit que deux fois), l'adversaire est Chinois ou travaille avec eux. Enfin, il est à noter la présence importante d'Allemands parmi les adversaire de Bond: le dr. No (mi-chinois, mi-allemand), le tueur Red Grant (mi-anglais, mi-allemand), l'accent allemand de Goldfinger (l'acteur était un ancien nazi), Hans, le garde du corps de Blofeld, et Irma Bunt, sa femme.

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commentaires

T
The mere dialogue is enough to show the character of James Bond. He says “I am bond, James Bond” and that style is one of a kind. I think there are a lot of imitators in the field, but no one can beat the real James Bond.
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