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  • : Chronique du choc entre les nations libres et qui tiennent à le rester, et le mondialisme ravageur qui cherche à les soumettre.
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22 mai 2011 7 22 /05 /mai /2011 22:55

Il avait toujours su, jusque là, ménager la chèvre et le chou, flatter les masses arabes en rassurant ses partenaires israéliens, afficher sa sympathie pour la cause palestinienne tout en protégeant Israel des sanctions internationales. Coincé entre une opinion publique arabe et même mondiale de plus en plus sensible à la cause palestinienne, et une classe politique américaine profondément sioniste (et parfois jusqu'à l'hystérie, comme son conseiller Rahm Emmanuel), Barack Obama devra faire un choix: la Palestine, dont les deux principaux mouvements politiques, Hamas et Fatah, viennent de se réconcilier, tentera sous peu de faire reconnaitre son indépendance à l'ONU; le gouvernement israélien de Benjamin Netanyahou s'y opposera vraisemblablement, et c'est là que le poids des Etats-Unis se révèlera crucial. 

 

 

 

Malgré des positions originellement très pro-israéliennes, Nicolas Sarkozy s'est rapproché des Palestiniens après la victoire de Benjamin Netanyahou. Une tendance qui n'est pas isolée en Europe.

 

 

La phase actuelle de négociations est cruciale, et la conjoncture favorable à la paix en général, et aux Palestiniens en particulier. Ces derniers n'avaient pas connu une situation aussi idéale depuis plusieurs décennies. L'arrivée au pouvoir d'un gouvernement réactionnaire et colonialiste en Israel leur a permis de soigner leur image d'interlocuteurs raisonables et gagner une certaine sympathie internationale. Plusieurs alliés historiques d'Israel se sont dans le même temps détournés de leur partenaire: si le revirement de la Turquie a été le plus spectaculaire, les Etats-Unis ou l'Union Européenne ont également pris certaines distances avec l'Etat hébreu; même Nicolas Sarkozy, qui s'était rapproché d'Israel au temps d'Ehoud Olmert, s'en éloigne de nouveau, du fait de ses mauvaises relations personnelles avec Benjamin Netanyahou.

Les révolutions arabes ont été un autre facteur décisif; si elles se sont pratiquement partout soldées par un échec cinglant, à l'exception probable de la Tunisie, elles ont tout au moins permis de desserer l'étau que les Etats arabes, et notamment l'Egypte, faisaient peser sur les Palestiniens. Elles ont également accéléré la rapprochement entre le Hamas et le Fatah; les échecs économique et social du premier, et politique du second, les ont poussé à se réconcilier afin de redonner espoir à une population qui se laissait gagner par les idées révolutionnaires. 

En un mot comme en mille, c'est donc en situation de force que l'Etat palestinien tentera de se faire reconnaitre à l'ONU; une reconnaissance qui semble déjà acquise auprès des pays d'Afrique et d'Asie, d'Amérique du sud, de la Chine et de la Russie, et de plusieurs Etats de l'Union Européenne. 

 

 

 

La mort d'un militant pacifiste italien a fait prendre conscience au Hamas qu'il était lui-même menacé par le fanatisme religieux sur lequel il jouait. Une des raisons de son rapprochement avec le Fatah?

 

 

Il sera très dur pour Israel d'éviter ce camouflet diplomatique. Il a pu jusque là compter sur l'indéfectible soutien des Etats-Unis, mais pour combien de temps encore? Sa politique de colonisation est de plus en plus mal acceptée; en hiver dernier, une résolution condamnant cette politique a été adoptée par les 14 membres du Conseil de Sécurité, dont la France et la Grande-Bretagne. Seul Barack Obama a profité de son droit de véto pour sauver son petit allié; mais est-il prêt à recommencer? Les intérêts américains divergent aujourd'hui de plus en plus de ceux d'Israel, d'autant plus que les révolutions arabes et la mort de Ben Laden pourraient encourager l'Oncle Sam à adopter une nouvelle politique moyen-orientale.


Israel fait par ailleurs face à une grave crise morale. Créé après le désastre du génocide de la Seconde Guerre Mondiale, il se voulait Etat protecteur des Juifs. Mais un nombre sans cesse croissants parmi eux, y compris des anciens déportés, lui remet en cause cette légitimité. Etat qui se voulait démocratique et laïc, il est aujourd'hui gangrené par le fanatisme religieux et discrédité par l'exclusion de l'electorat arabe. Projet colonial qui aurait pu fleurir au 19ème siècle, il est apparu à l'époque même où s'engageait la décolonisation. Avec la chute de l'antisémitisme en Europe, l'idée d'un "Etat des Juifs" semble de plus en plus inutile; de nombreux Juifs, partis vivre en Terre Promise, et déçus de ce qu'ils y ont trouvé, ont fini par retourner dans leurs vraies patries, la France, l'Angleterre, ou les Etats-Unis. 

Dans un tel contexte, auquel il faut ajouter la forte natalité des Arabes, Israel ne peut survivre sous sa forme actuelle... à moins de négocier la création de deux Etats souverains, dans les frontières de 1967, agrémentées de concessions territoriales réciproques et équitables. En refusant de négocier, Benjamin Netanyahou ne met pas seulement la paix en danger, mais l'avenir même de son pays; pour des raisons bassement électorales, qui sont une des grandes faiblesses de la démocratie. 


 

 

 

La survie de l'Etat d'Israel ne pourra passer que par un bon voisinage avec ses voisins arabes, palestiniens notamment. L'Etat hébreu est condamné à la paix.

 

 

Dans un tel contexte, c'est du protecteur américain que dépend la résolution du conflit. L'Union Européenne n'a aucun poids diplomatique. La France et le Royaume-Uni sont (hélas!) trop alignés sur les Etats-Unis pour être actuellement crédibles. La Chine et la Russie n'ont pas envie d'intervenir. Barack Obama pourrait, s'il en avait l'occasion, profiter de la situation pour mener les négociations de paix. Tout en chargeant le Fatah de surveiller le Hamas pour empêcher d'éventuelles violences, il pourrait faire pression sur Israel, qui ne peut pas se permettre de perdre le soutien des Etats-Unis. S'il continue la politique de concessions qui a été la sienne et celle de ses prédécesseurs, il se heurtera toujours au refus de Benjamin Natanyahou; s'il menace en revanche ce dernier de lui retirer ce soutien, il est pratiquement sûr d'obtenir ce qu'il demandera.

Certainement, une telle politique lui coûterait cher; les lobbys et la classe politique américaine le lui feraient payer au centuple; mais n'est-ce pas la marque des grands hommes d'Etats que de s'affranchir de ce genre de considération? S'il fait passer sa réelection avant tout, il en profitera à court terme, mais restera un politicien impuissant. S'il est prêt en revanche à affronter les élites de son pays, et qu'il mène à bien un accord de paix, il laissera l'image d'un chef d'Etat digne de ce nom. 


 

 

 

 

 


Bien evidemment, il ne faut pas être naïf; même si l'idée de deux Etats souverains, se partageant Jérusalem, et aux frontières équitablement définies, venait à triompher, bien d'autres obstacles se présenteront à la paix. Pour y aboutir, il faudrait que les néo-conservateurs quittent la Maison Blanche; que Benjamin Netanyahou sacrifie sa réelection; que le Fatah se débarasse de ses corrompus; que le Hamas renonce à l'islamisme fanatique. Mission impossible. Mais l'Histoire ne tiendra pas rigueur à Barack Obama d'avoir essayé, tandis que s'il renonce, elle le jugera sévèrement. 

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