Chronique du choc entre les nations libres et qui tiennent à le rester, et le mondialisme ravageur qui cherche à les soumettre.
Deux opinions caricaturales s'opposent au sujet de l'enseignement des langues en France. D'un côté, les fanatiques de l'anglais, qui voient en cette langue leur avenir, et reprochent aux Français de ne pas le parler assez bien (oubliant le fait que les Anglo-Saxons parlent, eux, très rarement d'autres langues...) De l'autre côté, les réactionnaires qui, en réponse, estiment qu'il faudrait se cantonner au français et que les langues étrangères ne sont pas nécessaires. Les deux visions, ridicules et caricaturales, ont amené à une situation déplorable: les jeunes Français n'apprenent plus que l'anglais (l'allemand ou l'italien reculent sans cesse, le russe et l'arabe ont disparu...); et comme ils n'ont pas choisi cette langue et ne sont pas motivés, ils l'apprenent mal.
Une réforme s'impose. Celle qui va être présentée peut paraître très audacieuse. Mais elle permet de dépasser les vieilles oppositions, et part du constat suivant: il est indispensable de parler d'autres langues pour peser dans le monde; et ne compter que sur l'anglais pour ça est aberrant.
On peut donc envisager un système d'enseignement rénové, dans lequel chaque élève suivrait l'enseignement de deux ou trois langues, proches de notre pays ou ayant un certain poids international. Le système suivi de Langue Vivante 1, 2, plus une troisième en option, serait maintenu, mais diversifié et amélioré.
Langue Vivante 1: une langue "voisine"
L'apprentissage de ces langues (allemand, anglais, espagnol et italien) s'impose pour plusieurs raisons: tout d'abord, parce que ce sont des langues courantes à nos frontières, donc utile pour les petits Français, qui pourront s'y exercer régulièrement; ensuite, parce que ce sont des langues à la structure et aux racines assez proche du français, et donc, assez faciles pour un débutant; enfin, la proximité de ces pays permettrait de former en France un nombre de professeurs suffisants.
L'anglais et l'espagnol sont des langues internationales, parlées aux quatre coins du globe. L'allemand est une langue primordiale, au sein d'une Europe dont l'Allemagne est la première puissance économique et industrielle. Quand à l'italien, c'est la langue de notre nation-soeur, avec laquelle nous entretenons des liens affectifs très étroits.
L'apprentissage de cette langue pourrait être entamé dès l'école primaire, à petite dose, puis confimé au collège. Son enseignement occuperait une place importante dans toutes les filières, et serait accompagné de voyages scolaires et d'échanges permettant à l'élève de la maitriser à la perfection. L'objectif serait d'obtenir des élèves qu'ils maitrisent parfaitement l'allemand, l'anglais, l'espagnol ou l'italien, au niveau du bac - tout en leur permettant de se perfectionner encore dans leurs études supérieures.
La maitrise de ces quatre langue permettrait au peuple français d'approfondir ses relations avec ses voisins, et de favoriser les liens d'amitiés et de coopération en Europe occidentale.
Langue Vivante 2: une langue de civilisation
Ce sont là des langues qui sont aujourd'hui essentielles dans le jeu international, soit parce qu'elles sont celles d'une grande puissance, soit parce qu'elles sont largement répandues dans le monde. L'anglais et l'espagnol, déjà proposées en LV1, en feraient partie. Il faudrait y rajouter le chinois, le russe, l'arabe, le portugais, le turc et le persan.
La maitrise d'une de ces langues offrirait aux élèves une ouverture sur le monde, et sur ses grandes civilisations. Ce serait une expérience inédite, et cohérente avec l'intérêt de la France, qui est de favoriser l'émergence d'un monde multipolaire.
Cela profiterait bien sûr à la diplomatie et au commerce français, mais également à son secteur touristique: le fait de pouvoir rencontrer régulièrement des Français parlant leur langue, serait un encouragement aux habitants des grands pays en développement à venir visiter notre pays.
Leur apprentissage pourrait être entamé, comme c'est le cas aujourd'hui, à partir de la 4ème. L'objectif pour le bac serait d'en maitriser l'usage courant. Il faudrait favoriser les échanges entre les élèves français et les jeunes élèves des pays concernés apprenant le français. Des voyages seraient même, en certain cas, envisageable.
Bien entendu, ce sont là des langues encore peu enseignées en France, et il serait difficile de pourvoir tous les postes requis.
Mais on pourrait faire en sorte, en moins de cinq ans, que chaque établissement scolaire propose l'apprentissage d'au moins trois ou quatre de ces langues - en plus de l'anglais et de l'espagnol.
Il faudrait faire en sorte qu'au sein de chaque département, il y ait au moins un établissement proposant l'enseignement de chaque langage cité, afin que tout élève souhaitant l'apprendre puisse suivre des cours sans avoir à s'éloigner trop de son domicile.
Langue Vivante 3 en option: une langue d'ouverture
Il est difficile de forcer les élèves à apprendre trois langues étrangères. Mais il est tout à fait possible de leur offrir cette possibilité en option, en faisant en sorte de valoriser cet apprentissage (qui pourrait commencer dès le collège). En plus de toutes les langues déjà citées, les élèves pourraient choisir, selon les moyens de l'établissement, un autre langue vivante parmi les suivantes:
- Les autres grandes langues européennes; en particulier le serbe, le roumain et le polonais (en raison des liens historiques de la France avec ces nations). Mais également les langues scandinaves (finnois, danois...), d'Europe orientale (tchèque, ukrainien...), sans oublier, bien évidemment, le grec moderne.
- Des langues ayant, dans le monde, un certain poids économique ou géopolitique: le japonais, le coréen, l'indonésien, l'hébreu et le berbère.
- Toute autre langue dont l'élève pourrait suivre l'enseignement, en fonction de ses opportunités ou de celles de son établissement.
Bien évidemment, il serait impossible de généraliser l'enseignement de toutes ces langues. Il faudrait simplement faire en sorte que chaque lycée soit en mesure d'en proposer une ou deux, plus si possible. Leur enseignement dans un établissement dépendrait à la fois des enseignants disponibles (les ambassades des pays concernés pourraient apporter leur aide) et de la motivation des élèves.
Le but serait avant tout d'apporter une ouverture à l'étudiant, et de faire en sorte qu'il maitrise les bases fondamentales des langues concernées.
Les apports d'une telle réforme
Inédit dans le monde, ce système d'enseignement novateur aurait pour la France, et pour sa position à l'international, un triple avantage:
- Un avantage économique: connaitre une langue, c'est avant tout pouvoir s'insérer plus facilement dans une société. La connaissance de très nombreuses langues permettraient au français de s'implanter, à l'étranger, dans des secteurs aussi divers que la finance, le commerce, le tourisme, l'enseignement, la recherche, l'environnement, la diplomatie, etc.
Inversement, cet enseignement polyglotte favoriserait la venue en France de touristes étrangers, en particulier les nouvelles vagues venues des pays émergents (Chine, Brésil, Turquie, monde arabe, etc.)
- Un avantage diplomatique: la diplomatie française en sortirait renforcée; bien souvent, le personnel des Ambassades de France ne parle pratiquement pas la langue du pays où elles se trouvent. Il en va de même pour les militaires en poste à l'étranger Or, parler la langue d'un pays, c'est pénétrer sa culture, c'est entretenir avec lui une certaine complicité, c'est comprendre bien mieux sa culture, ses problèmes et leur complexité. Cela ressere les liens entre les nations, et permet d'atténuer les heurts.
- Un avantage géopolitique: une telle réforme correspondrait au monde que défend traditionnellement la France: un monde multipolaire, basé autour de plusieurs grands pôles de civilisations et des nations indépendantes. Tout l'inverse du vaste Empire américain, dominé par l'anglais, dont rêvent tous les atlantistes.
En effet, cette forme d'enseignement permettrait de faire reculer l'anglophonie: l'anglais ne serait plus la langue de transmission indispensable, et le français aussi bien que les autres langues en sortiraient renforcés. L'anglais serait mieux enseigné, mais ne monopoliserait plus l'enseignement français.
Il va de soi que la francophonie aussi bénéficierait de telles mesures, car l'enseignement du français serait sûrement favorisé dans des pays comme la Chine ou le Brésil.
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Evidemment, avant de savoir parler n'importe quelle autre langue, il faudrait déjà que les élèves sachent parler un français correct - ce qui est loin d'être le cas aujourd'hui. Mais c'est là un autre débat, qui ouvrirait sûrement sur d'autres idées de réformes...