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  • : Chronique du choc entre les nations libres et qui tiennent à le rester, et le mondialisme ravageur qui cherche à les soumettre.
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9 février 2012 4 09 /02 /février /2012 21:55

Héritière de l'Empire Romain, la France partage de ce fait, avec l'ensemble du pourtour méditerranéen, une histoire aussi longue que tourmentée. Se battant, échangeant, s'alliant avec les grandes civilisations latines, espagnoles, berbères, arabes, juive, ottomane ou héllènique, elle a marqué autant qu'elle a été marquée par ce grand lac romain. De Gibraltar à Jérusalem, en passant par Rome et Istanboul, c'est donc une longue tradition diplomatique que la France maintient en Méditerranée, marquée par trois grands axes: la fraternité latine, les échanges avec le Maghreb, l'attirance pour l'Orient. Si Nicolas Sarkozy a voulu poursuivre cette politique étrangère active, il l'a fait de manière bien maladroite, cassant ses rouages traditionnels et aboutissant à l'affaiblissement de la France dans presque toute la Méditerranée. 

 

Les révolutions arabes auront été l'évènement le plus marquant des cinq dernières années en Méditerranée, et Nicolas Sarkozy aura bien malheureusement échoué à y réagir intelligement. 

 

 

La Méditerranée sacrifiée à l'Europe

 

Nicolas Sarkozy n'était pas vraiment un président méditerranéen, emporté qu'il était par son tropisme atlantique. Il fut pourtant à l'origine d'une idée brillante, et qui aurait pu donner de grands résultats, l'Union Pour la Méditerranée. Articulée autour de la France et de l'Egypte, cette union voulait offrir aux pays méditerranéens un cadre de discussion propice à résoudre les innombrables problèmes de la région.

Hélas, cette grande idée fut sabordée, dès le départ, par l'opposition de l'Allemagne, et des pays du nord de l'Europe, qui refusaient que la France s'engage sans eux dans cette aventure. Cédant à ces demandes, Nicolas Sarkozy a décidé que l'Union Européenne serait partie intégrante de cette Union Pour la Méditerranée. Ce qui revenait, évidemment, à sacrifier celle-ci pour satisfaire celle-là. Car enfin, une union méditerannéene comprenant la Finlande ou l'Estonie était d'un ridicule évident, et sans avenir. 

 

Au nord comme au sud, la France a construit des relations fructueuses avec de nombreuses nations méditerranéenes. 

 

La Méditerranée sacrifiée à l'Europe allait, de là, devenir une des constantes de la politique de Nicolas Sarkozy. En 2010 et 2011, l'écrasement et l'humiliation des peuples grec, italien ou espagnol s'est fait au nom du sauvetage de l'euro. L'Italie, en particulier, a été bien mal traitée. Notre nation soeur, où Napoléon III forma sa jeunesse, a subi un mépris récurrent de la part du Président français. C'est ainsi que ce dernier a refusé en 2008 d'extrader la terroriste des Brigades Rouges Marina Petrella, choquant les familles des victimes, mais plus généralement le peuple italien, traité comme quantité négligeable. 

 

 

Un désastreux changement d'orientation de la politique arabe de la France

 

La France est le seul pays d'Europe dont un Empereur (Napoléon III) ait été surnommé "l'Empereur des Arabes", tandis que deux Présidents (Charles de Gaulle et Jacques Chirac) portaient le titre de "l'ami des Arabes". La politique orientale de la France, traditionnellement portée sur l'Empire Ottoman, s'est étendue au cours du XXème siècle aux pays arabo-musulmans nouvellement indépendants: Egypte, Maroc, Tunisie, Algérie, ou Liban, par exemple. 

Défendue par la droite conservatrice et la gauche altermondialiste, cette politique a toujours été combattue, cependant, par les libéraux et les sociaux-démocrates. Et c'est bien de ces derniers que Nicolas Sarkozy s'est inspirés au début de son mandat, purgeant le Quai d'Orsay de son administration, considérée comme trop arabophile. La politique qui s'ensuivit fut d'une rare incohérence et d'un effet calamiteux.

 

Pro-israélien convaincu, Nicolas Sarkozy a tout d'abord remis en cause la politique pro-palestinienne de la France, voulant se présenter en "ami d'Israel". Ce qui lui a fait fermer les yeux, en 2009, sur le massacre de l'enclave de Gaza. Cette politique lui ayant ammené le mépris des faucons israéliens, le Président français a tenté de rééquilibrer sa position, allant jusqu'à reconnaitre en 2011 la Palestine à l'UNESCO... avant de refuser son admission à l'ONU, par souci d'unité européenne. Encore une fois, l'Europe avant la Méditerranée...

Ces contorsions ont bien dégradé l'image de la France chez les peuples arabes. Habitués à voir en ce pays un défenseur de leur cause, ils l'ont vu adopter les thèses de Washington dès l'élection de Nicolas Sarkozy. 

 

         L'évolution des relations de la France avec le monde arabo-musulman. 

                    En rouge, les Etats avec lesquels les rapports se sont sensiblement dégradés.

                En vert, les Etats avec lesquels les rapports se sont sensiblement améliorés.

 En jaune, les Etats avec lesquels les rapports sont restés stables. 

 

Les révolutions arabes de 2011 ont permis au Président de parachever le désastre. Ayant purgé le Quai d'Orsay des spécialistes du monde arabe, il n'a rien compris à ces mouvements, et a fait la double erreur de soutenir des dictateurs destinés à disparaitre, puis des révolutions vouées à l'échec.

Fidèle à sa politique de non-ingérence, la France n'aurait jamais du apporter au Président Ben Ali un soutien aussi appuyé et maladroit, pas plus d'ailleurs qu'à Hosni Moubarak. Réalisant son erreur, Nicolas Sarkozy a basculé dans l'extrème inverse, écrasant la Libye sous les bombes pour éliminer Mouammar Kadhafi - et permettre l'avènement d'un régime tribal à fortes tendances islamistes. Il a récidivé en soutenant la rébellion contre Bachar-al-Assad en Syrie, rompant ainsi les liens avec un partenaire solide, sans réussir à le faire tomber. 

De cette entreprise, la France n'a retiré que deux alliés arabes très peu fiables: le Qatar, pays artificiel qui a tout à gagner à déstabiliser la région, et la Libye, devenue par la force des choses une alliée de la France - mais de façon provisoire, car nous n'avons jamais eu de liens très forts avec ce pays. 

 

 

La catastrophe turque

 

L'Empire Ottoman est, avec l'Ecosse, un des plus vieux alliés historiques de la France. Les deux pays combattirent ensemble, dès le XVIème siècle, contre l'Empire autrichien. Maintenue par Robespierre, Atatürk ou Charles de Gaulle, cette amitié durable s'affaiblit lentement, depuis près de 40 ans. 

 

Il est malheureux que la France et la Turquie n'aient été capables de s'entendre, sous l'impulsion d'Alain Juppé, que pour mener une politique fort maladroite d'ingérence dans la guerre civile syrienne. 

 

Mais la présidence de Nicolas Sarkozy a marqué une nette dégradation, d'autant plus désastreuse que la Turquie s'affirmait comme la grande puissance montante en Méditerranée. Obsédé par ses lubies anti-turques, ainsi que par le "vote arménien", le Président français a multiplié maladresses, grossièretés et provocations. Refusant de rompre les négociations d'adhésions de la Turquie à l'Union Européenne, il a pourtant multiplié les déclarations hostiles à ce sujet. Après une visite diplomatique à Ankara, en 2010, où Nicolas Sarkozy a fait preuve d'une rare goujaterie, il a multiplié les attaques contre la Turquie au sujet des massacres d'Arméniens de 1915, allant jusqu'à faire voter (en accord avec les socialistes) une loi qui a provoqué la fureur des Turcs.

Cerise sur le gâteau: la France a perdu la confiance de l'Azerbaïdjan, pays turc occupé par l'Arménie, et qui a préféré se tourner vers la Russie pour résoudre ce conflit. 

 

Cette politique stupide est d'autant plus incompréhensible que la France avait tout à gagner à se rapprocher de la Turquie. C'eût été non seulement respecter une vieille tradition, mais aussi s'offrir de nouvelles opportunités diplomatiques, économiques et stratégiques. 

 

 

Lac de l'Empire romain, formidable espace d'opportunité, la Méditerranée forme une quasi-civilisation, dont le Président français a saisi la mesure, mais sans oser en tirer les conséquences...

 

C'est dans la région méditerranéenne que la diplomatie de Nicolas Sarkozy, moins maladroite dans le reste du monde, s'est montrée catastrophique. Sacrifiant toute initiative à Bruxelles et Washington, le Président français a éloigné tant l'Italie que la Syrie, les pays turcs que les pays maghrébins. Le tout pour des alliances improbables, avec des Etats (Israel, Qatar, Libye...) qui ne sont pas des amis traditionnels de la France, et ne présentent pas d'intérêt diplomatique sur le long terme. Quelques gestes simples auraient aidé à maintenir le prestige de la France en Méditerranée: reconnaissance de la Palestine; non-ingérence dans les révolutions arabes; aide aux peuples italien et grec, plutôt que menace et austérité; visite diplomatique correcte à Ankara. Nicolas Sarkozy n'a pas été capable de les faire. Incompétence ou manque de courage? 

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