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  • : Nations Libres
  • : Chronique du choc entre les nations libres et qui tiennent à le rester, et le mondialisme ravageur qui cherche à les soumettre.
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26 février 2011 6 26 /02 /février /2011 20:47

Lors de son grand voyage en Turquie, en 1968, le Général De Gaulle avait eu l'occasion de souligner l'importance des liens qu'entretenait cette jeune nation d'un vieux pays avec la France. La Turquie, porte de l'Orient et gardienne des détroits, la France, coeur de l'Europe occidentale, étaient de par leur position garantes de la paix et de la sécurité du continent. Toutes deux assumaient cette responsabilité, tout en refusant les ingérences extérieures dont ce rôle les menaçait. Il était donc indispensable pour ces deux nations d'entretenir entre elles une étroite coopération portée par une franche et sincère amitié, comme elles avaient su le fait au cours des siècles passés.

 

Quarante ans plus tard, les choses ont bien changé. Nicolas Sarkozy débarque le chewing-gum à la bouche pour une visite éclair de quelques heures en Turquie. Il proclame haut et fort son refus de voir ce pays dans l'UE; ce qui serait défendable s'il ne faisait pas en même temps adhérer la Croatie, l'Islande, l'Albanie, etc. Mais il ne stoppe pas les négociations pour autant: il est plus pratique de conserver la candidature turque pour s'en servir à chaque élection.

 

La France et la Turquie méritent mieux que cette politique de bas étage, qui décrédibilise la première en humiliant la seconde. Ces heurts sont d'autant plus dommageable que Nicolas Sarkozy et Recep Erdogan présentent un profil similaire: libéraux-conservateurs (le second plus que le premier), plus démocrates que républicains, plus communautaristes que laïcistes, atlantistes repentis, à la recherche d'une nouvelle régulation économique du monde, les deux hommes ont de quoi s'entendre! Il faudra pourtant sûrement attendre leur départ et l'arrivée de remplaçants plus sage pour espérer relancer les relations franco-turque sur une bonne voie. 

 

 

Une amitié affichée, que les déboires européens ont bien diminuée...

 

 

Sortir du contexte européen

 

Il est important que la France comme la Turquie cessent de voir leurs relations sous un prisme européen. Officiellement, la Turquie veut intégrer l'UE, et la France s'y refuse. De telles positions risquent peu de varier. Mais elles vont sûrement perdre de leur importance: les peuples turc et français ne veulent plus d'une UE aussi catastrophique économiquement que dangereuse pour leurs cultures. 

D'ores et déjà, France et Turquie doivent penser à la fin de l'UE et la construction d'une autre Europe, respectueuse des nations et de leurs souverainetés, dans laquelle les deux pays pourraient renforcer leur coopération. Car sur bien des thèmes, France et Turquie partagent une vision commune. Leur approche de l'économie, de la situation du Proche-Orient, ou des rapports avec la Russie, est relativement proche. 

La France doit cesser de ne voir la Turquie que comme l'indésirable candidat européen. La Turquie ne doit plus voir la France qu'en tant qu'opposant à son entrée dans l'Europe. Plus les échecs de l'UE deviennent flagrants, et plus l'absurdité de cette vision frappe. Les relations entre ces deux nations ne doivent pas dépendre d'une institution périmée et dégénérée. 

 

 

Un héritage commun, des désaccords politiciens

 

Une fois sorti de ce cadre, il y a également un travail politique à faire. Plusieurs décennies d'oppositions dues à l'UE ont laissé des traces. La grande francophilie des Turcs, sans s'être éteinte, laisse peu à peu place à une profonde déception. Quant aux préjugés des Français sur la Turquie, ils n'ont jamais été aussi élevés, dans un contexte où la diabolisation du monde musulman est à la mode. Ces préjugés s'accompagnent parfois de mauvaise foi; après avoir dénoncé pendant des années la Turquie comme "cheval de Troie des Etats-Unis", on lui reproche aujourd'hui de s'en éloigner! 

 

La réconciliation des deux pays sera heureusement facilitée par leur patrimoine commun, hérités de la Révolution et de Napoléon, d'Atatürk et de sa République: nationalisme, jacobinisme, laïcisme, étatisme, défense d'un monde multipolaire. 

Mais le problème est que ces valeurs sont bien peu partagées par l'UMP Sarkozyste et le gouvernement d'Erdogan. (Des personnages comme Dominique de Villepin ou Abdullah Gül paraissant cependant plus raisonables). S'ensuivent de regrettables tensions entre les deux pays. Lorsque la France reproche à la Turquie le "génocide arménien", elle oublie que nous n'avons guère fait mieux en Vendée ou en Indochine. Lorsque la Turquie dénonce la politique d'assimilation des pays européenns, elle oublie qu'elle pratique la même, parfois plus dure, envers les Kurdes. 

En un mot comme un mille, les gouvernements français et turc ne facilitent pas la réconciliation, en s'écharpant sur des détails...

 

 

"Eğer dünya tek bir devlet olsaydı, başkenti mutlaka İstanbul olurdu" Napoléon Bonaparte

 

 

Cependant, la France n'a pas le choix. La Turquie est un partenaire stratégique, économique et politique formidable. Une alliance des grandes nations européennes que sont la France et la Turquie, auxquelles on pourrait ajouter l'Allemagne et la Russie, offrirait de grandes opportunités. L'histoire commune, les valeurs partagées par la France et la Turquie, favorisent ce rapprochement.  Il serait trop bête de gaspiller cet atout comme le fait depuis des années la diplomatie française. On peut espérer, sans grande illusion, que Nicolas Sarkozy, lorsqu'il reviendra "en famille" en Turquie, comme il l'a promis, saura prendre en compte ces considérations.

 

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